Je n’ai jamais été aussi heureux qu’avec toi. Nous étions enfermés dans une bulle, dans notre cocon, nous ne faisions jamais attention au reste du monde. Oh si tu savais à quel point je t’aimais. Plus fort que jamais. Rien ne comptait plus que toi. Si on m’avait demandé où je me vois dans 10 ans, c’est sans hésitation que j’aurais répondu. Avec toi. Dans tes bras. Tes bras si chauds et si rassurants que je considérais comme ma maison. Le destin est cruel n’est-ce pas ? Ou alors ce n’est pas le destin, mais juste la vie. En tout cas tu m’as toujours dis que ta vie m’étais destinée. Et tu avais raison. On te massacra par ma faute. Ô Ryo. Comme je m’en veux... Ils pensaient que l’odeur de ton sang me ferait débarquer. Mais j’avais promis de rester caché et c’est ce que j’ai fait. Je t’ai laissé mourir. Excuse-moi mon cœur. Mais même si tu le fais, moi je ne me le pardonnerais pas. J’ai vraiment honte Ryô...

Aujourd’hui j’ai erré pendant des heures sous la pluie. Je ne sais plus combien de fois je t’ai téléphoné. Juste pour entendre ta voix sur ton portable. Je ne sais plus où j’en suis Ryô. Je sombre peu à peu dans la folie. Je ne sais même plus où est ton corps. Oh ? et je n’ai pas essuyé ton sang sur le parquet.

J’ai frotté pendant des heures. Je suis tout sale maintenant. Couvert de sang, de poussière, de savon... Je pleurais. Le sang n’est pas partit totalement, on voit encore la flaque, comme pour me rappeler que tu es mort par ma faute. On en voit encore. Comme pour me rappeler que tu es mort par ma faute. Mes doigts étaient tout rouges tu sais... Ils ont même saignés... Enfin pas tous. Je ne sais pas... Je ne sais plus.... Ton chat est revenu d’ailleurs. J’ai vu sa sale frimousse dans la cuisine. Il t’a longuement cherché puis s’est roulé dans la flaque de sang. Maintenant il ne sent pas bon. Du coup je l’ai enfermé dans le placard toute la nuit et là je vais aller le laver.

Ryô... Je dors en serrant ta chemise contre moi. Tu te souviens ? Celle avec un petit mouton dessus. Enfin... Je ne dors pas vraiment en fait. Juste deux ou trois heures mais jamais beaucoup plus. Je fais pleins de cauchemars. Je rêve de toi. Ryô sort moi de là... reviens moi je t’en pries...

Ton chat n’arrête pas de se frotter à moi. Il passe ses journées à miauler devant le placard de la cuisine, celui où tu as rangé sa nourriture. Le problème, c’est que je ne sais plus ce qu’il veut. Il a maigrit... Pourtant tu étais sûr qu’il allait manger ailleurs non ? Oh d’ailleurs, je croyais qu’il ne m’aimait pas ce chat... Il a peut-être compris que tu n’étais plus là.

Ton chat gît dans la cuisine. Il ne bouge plus. Il ne miaule plus. Il est allongé. Je ne sais pas ce que je dois en faire. Les gestes que je fais sont assez mécaniques en fait. Je mange un peu, je dors, et je regarde la télé. Je ne fais rien d’autre. Je n’en ai pas la force ni l’envie. Même écrire est difficile. Les mots ne viennent plus tout seul. Je dois les forces. Je ne ais plus écrire de longs textes, ni de belles choses. Je suis de plus en plus perdu.

Je crois que j’ai fais une bêtise Ryo. J’étais dans la cuisine avec Echo, ou plutôt le cadavre d’Echo (excuse-moi pour lui d’ailleurs ) et j’ai pris un couteau. Je ne sais pas ce qu’il m’est passé par la tête. Mais maintenant je saigne. Mes poignets me brulent. Aide moi... je ne dois pas mourir sinon tu vas être fâché... Mais ça sort tellement vite... Je ne lutte pourtant pas. Je préfères t’écrire.

Ryô. Je ne suis pas mort. La voisine a débarqué et a appelé les secours. J’ai peur Ryô. Ils vont me faire passer pleins d’examens. Ils vont comprendre eux aussi et je vais être tué. Je ne veux pas mourir tu sais ? Cela m’effraie.

Voilà longtemps que je ne t’ai pas écrit. Je suis désolé, j’étais en cavale. Ils ont tout découvert, absolument tout, ils savent pour ma deuxième forme. Ils ont donc tenté de me mettre dans une cage pour faire des expériences sur moi. Mais ça a échoué car je me suis enfui. Toutefois je n’en suis pas sorti tout à fait indemne. Un de leur produit que l’on m’a injecté avant mon évasion a fragilisé mes os et je me suis cassé une cheville. Bref. Je suis maintenant dans une organisation avec des gens comme moi. Il y a pleins d’hybrides, mais aussi des anges, des démons, des vampires, des loups garous... et même des shinigami ! Je me demande s’ils t’ont vu. Le but de ces créatures est d’éliminer les humains si j’ai bien compris. Oh, et as-tu remarqué que c’est le texte le plus long que je t’écris depuis ta mort ? Sur ce... je vais partir chasser ? N’oublies pas à quel point je t’aime.

Un an. Un an que tu es mort. 7 mois que je n’ai pas écrit. Mon intégration est un peu difficile. J’essaye d’être le plus gentil possible, souriant aussi, mais c’est compliqué. Je me suis trouvé un ami. C’est un démon, il ‘appelle Shayne. Mais je me plaît à l’appeler Sha’, c’est moins long. Il y a aussi cette fille, Raven, celle qui m’a permis de communiquer avec toi. Et Shuu. Avec Shuu c’est assez compliqué. Il ne m’aime pas, mais moi ça va. Je n’ai pas tellement d’affection pour lui mais je ne le hais pas. Je ne comprends pas pourquoi il m’en veut autant. Par contre avec les loups garous ça ne passe pas très bien. Ça sent le chien... Et ça brouille mes sens. Mais bon sinon ça va à peu près. Sauf que je fais souvent des crises.

Ce sera la dernière chose que j’écris dans ce journal. La dernière page pour toi. Ce matin j’ai appelé encore une fois ton portable pour entendre ta voix mais c’est un monsieur qui a répondu. Je lui ai tout raconté. Je pleurais d’ailleurs. Il m’a écouté jusqu’au bout, puis il m’a dit que si je le voulais, il pouvait être Ryô pendant mes appels. Je crois qu’il est gentil...